Affaire Carlos Ketohou/M. Yao Noel, Président international de l’UJPLA : « Ce n’est jamais bon qu’un journal soit fermé »
Le président de l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA), l’ivoirien Yao Noel dont l’organisation continentale a exprimé une position dans l’affaire de notre confrère Carlos Komlanvi Kétohou de « L’Indépendant Express « , s’explique sur ce dossier.
L’Union des Journalistes de la presse Libre Africaine (Ujpla) a publié une déclaration demandant la libération immédiate du Directeur de Publication de « L’Indépendant express » Carlos Ketohou, pourquoi cette prise de position de votre organisation ?
Je crois que la première raison se trouve dans le rappel que vous avez fait vous-même du nom de notre organisation qui s’appelle bien Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine. Il y a dans cette appellation des mots essentiels : 1) Union, 2) Journalistes et 3) presse libre Africaine.
Cela veut donc dire que ce qui se passe au Togo et qui concerne un journaliste Carlos Ketohou, intéresse bien évidemment l’UJPLA qui a été créée pour contribuer à la sécurité des journalistes et à la promotion de la liberté de la presse en Afrique.
Avant ce cas Ketohou, L’UJPLA était déjà intervenue dans le cadre de l’affaire » P é t r o l g a t e » avec L’ALTERNATIVE de Ferdinand Ayite. Le Togo est un pays africain, membre de l’Union Africaine et donc, le cas Ketohou nous concerne au plus haut point, surtout que c’est dans le cadre de ses activités professionnelles qu’il avait été arrêté.
Par principe, la place d’un journaliste n’est pas en détention mais bien dans sa rédaction. Et sur ce point, le Togo a déjà fait un pas important en dépénalisant les infractions de presse. L’UJPLA salue cette avancée et félicite les autorités togolaises pour cet acquis de taille. L’UJPLA les prie d’aller plus loin encore en cessant les détentions comme celle qu’a connue et vécue Carlos Ketohou.
Alors, M. le Président de l’UJPLA, que pouvez-vous répondre à ceux qui disent que le journaliste Ketohou a enfreint les règles déontologiques ?
La position de principe de l’UJPLA reste la défense de tout journaliste dans l’exercice de son métier.
Du reste, l’UJPLA croit savoir que notre confrère avait déjà reçu une convocation et qu’il s’apprêtait à y répondre le plus normalement et le plus régulièrement du monde au moment où sa maison a été encerclée par les forces de l’ordre qui ont mis la main sur lui, comme on arrête un criminel de grand chemin ou un voleur. Or, il n’est pas de cette engeance. C’est un journaliste connu et reconnu comme tel au Togo et par les Togolais. Pourquoi donc le prendre de cette façon alors même, comme le sait l’UJPLA, qu’il était prêt à aller répondre à la convocation à lui adressée ? N’est-ce pas un peu bizarre et cavalier comme méthode pour entendre un journaliste ?
Cela dit, pour l’UJPLA, la sécurité des journalistes est globale et à l’UJPLA, nous disons que la première sécurité du journalisme, c’est sa responsabilité, son professionnalisme, son sérieux. Et, à l’UJPLA, nous disons aussi que pour nous qui prônons et défendons la liberté des journalistes en Afrique, il est tout aussi important que ceux-ci respectent la liberté des autres, les lois du pays, en l’espèce, le Togo.
La loi qui protège et donne la liberté aux journalistes, reste la même que celle qui protège les autres citoyens.
L ‘ UJPLA est une organisation panafricaine qui ne voudrait pas tomber dans le sensationnel et la propension à l’invective et à la sentence faciles et systématiques.
Liberté et sécurité pour les journalistes, mais aussi responsabilité, légalité, professionnalisme et légalité.
Pensez-vous que la déclaration de l’UJPLA a contribué un tant soit peu à la libération de Carlos Kétohou ?
L’UJPLA est loin d’avoir ou de se gargariser de la paternité de la libération de notre confrère.
Pour l’UJPLA, l’essentiel, c’était que le journaliste retrouve sa liberté. Cela a été fait et l’UJPLA s’en félicite auprès des autorités judiciaires togolaises.
A vous entendre, l’UJPLA a déjà obtenu gain de cause, mais il y a que la menace de suspension de L’Indépendant Express est pendante avec la saisine du Tribunal de Lomé par la HAAC dans ce sens…
Ce n’est jamais bon qu’un journal soit fermé.
Dans un esprit d’apaisement et au nom de la liberté qu’elle défend fermement, l’UJPLA demande aux pouvoirs publics et au Tribunal de Lomé d’éviter ce qui pourrait nuire gravement à l’image de ce beau pays, le Togo que nous aimons tous et qui, je le rappelle, a déjà posé des actes positifs dans le sens de la libéralisation et de la liberté de la presse.
L’UJPLA joint sa voix à celle des professionnels togolais afin que le journal L’Indépendant Express ne soit pas fermé et rayé du paysage journalistique togolais.
Notre entretien tire à sa fin, que recommandez-vous à la fois aux pouvoirs publics et aux hommes et femmes de média du Togo ?
L’UJPLA voudrait une fois encore vous remercier de lui donner l’occasion de donner un avis et de s’adresser aux pouvoirs publics et aux journalistes togolais.
Pour l’UJPLA, le Togo n’est pas un pays quel conque sur l’échiquier africain en matière d’actions déjà posées pour la liberté de la presse. Cet élan pour lequel l’UJPLA voudrait encore féliciter et remercier les autorités togolaises, doit se poursuivre dans un sens d ‘ a p p r o f o n d i s s e m e n t e t d’élargissement de cette liberté de la presse.
L’UJPLA qui compte déjà plusieurs membres au Togo (et dont la section togolaise sera installée pr ochai nement ) , as s ur e l es journalistes de sa présence et de son confraternel et constant soutien. L’UJPLA se tiendra toujours à leurs côtés pour défendre la liberté de la presse et leur sécurité en tous genres.
Afin de lui faciliter la tâche de pouvoir, en tout temps et en tous lieux, leur apporter ce soutien et sa présence rassurante, l’UJPLA demande aux journalistes d’être, chaque jour, plus professionnels, inattaquables du point de vue du respect scrupuleux des règles éthiques et déontologiques dans l’exercice de notre si noble et beau métier d’informer.
Source: L’ALTERNATIVE (Journal togolais d’informations et d’analyses)